Les mains de ma fille.
Être confinés en famille pose de nouveaux défis pour poursuivre le travail de recherche et de création. Comment utiliser ce contexte pour repenser la modalité des gestes du quotidien et la manière d’être et d'occuper l’espace domestique et celui de l’atelier?
Dans la maison étanche, il y a d’abord la question des matériaux (je travaille la matière). Qu’est-ce que j’ai de disponible? Quels procédés puis-je utiliser et reproduire? Ensuite, il y a l’intégration dans le quotidien de la famille. Est-ce possible de faire de la cocréation, de jouer avec la temporalité des journées afin de produire de nouvelles expériences? Comment brouiller les frontières entre les activités ménagères et la création?
Observations. Dans l’atelier, il y a beaucoup de résidus de création, d’objets récupérés et de papier (toujours le papier) et le désir d’accumuler des formes colorées, des émotions des souvenirs. Dans la maison, il y a beaucoup d’objets aussi : du linge à plier, de la vaisselle à laver, des objets à ranger, des plantes à arroser, des habitats à maintenir propres.
Tranquillement, on trouve des objets et des formes. On fait des moulages de papier mâché, des empreintes, en rouge, en bleu, en jaune et en blanc. On recycle les papiers de livraison, les retailles de papiers japonais aussi. La qualité et les matérialités sont différentes, les gestes non hiérarchisés.
Et puis il y a les autres objets, des bouts d’emballages, une balle de massage, des tapis de coupe, une vieille table bricolée. Les choses s’assemblent d’une drôle de manière. On perd le contrôle. Peut-être que tout ce mouvement ne servira à rien.
On découpe, on arrange, on multiplie, on empile, on documente. Une frénésie d’occuper le temps et l’espace, de faire quelque chose. Le quotidien comme expérience esthétique.